Un grand pêcheur de l’Ellé

par Louis Hamon

Nous avons eu le plaisir de recueillir ses confidences en 1986. Nos amis, Jean Montauzier et son fils Padrig, qui le connaissaient particulièrement bien et l’admiraient, nous ont apporté des informations complémentaires.
Louis Hamon naquit en 1916, près du pont de Loge-Coucou et habita ensuite à proximité.
C’était un pêcheur exceptionnel de saumons à la mouche, procédé qu’il utilisait avec prédilection. Mais comme la plupart des autres pêcheurs locaux, il pêchait aussi, à l’occasion, au lancer ou, même parfois, au ver lorsque les eaux ne lui permettaient pas de pêcher autrement. Il faut tenir compte du fait qu’à l’époque, pour des gens à revenus modestes, la vente d’un saumon (alors autorisée) représentait un appoint financier non négligeable.
Ce petit bonhomme, au matériel rudimentaire (une modeste canne et un vieux portefeuille où étaient soigneusement rangées les mouches de l’Ellé), mais tellement efficace, faisait l’admiration de tous les pêcheurs qui le rencontraient. Sa grande force résidait dans une connaissance parfaite de la rivière qu’il lisait admirablement. Chaque caillou était mémorisé. Chaque poste était répertorié et pêché en fonction du niveau d’eau. En outre, c’était un lanceur parfait. Sans un faux lancer, sa mouche tombait exactement là où il fallait qu’elle tombe, ce qui lui permettait la dérive la plus efficace.

pecheur_truiteTous ceux qui l’ont vu pratiquer se souviennent de ce fameux « Hop ! », véritable cri de guerre, qu’il lançait lorsque le grand poisson argenté venait de prendre sa mouche.
Certaines années, il lui arrivait de faire un petit séjour de pêche au bord de l’Aulne, à Châteauneuf-du-Faou, où, en plus de la capture de quelques saumons, il en profitait pour vendre des mouches.
Le 17 avril 1938, il captura, dans la retenue du Stall, sur une minuscule mouche à saumons, un poisson de 24,3 livres. Le plus gros saumon pris dans l’Ellé par son père, pesait 26,1 livres.
Entre 1934 et 1940, à trois pêcheurs associés, ils prenaient entre 35 et 45 saumons de printemps, chacun, par an. A cette époque, nous disait-il, il n’y avait que quatre pêcheurs de saumons à Loge-coucou et aucun au Faouët.
Sa meilleure période de pêche du saumon de la saison se situait fin avril. Il cessait pratiquement de pêcher le saumon en juin, bien que la pêche fût alors autorisée jusqu’au 31 juillet. Il ne pêchait jamais le saumon en juillet.
Il avait une préférence pour les très petites mouches à saumons. Il lui arriva, une seule fois, de capturer quatre saumons dans la même journée mais il réalisa d’assez nombreux triplés.
C’est Louis Hamon qui apprit au célèbre François Le Ny, de Quimperlé, à pêcher le saumon, car Le Ny était d’abord et avant tout un pêcheur de truites.
Louis Hamon prit sa plus grosse truite dans l’Ellé, à l’aval de Loge-Coucou, en 1935, au devon. Elle pesait huit livres. Chaque année, il prenait dans cette rivière des truites de 4,5 livres à 6 livres.
On en rêve aujourd’hui !