Bulletin n°48
L‘occasion fait le larron Le chaos a toujours été la providence des malfrats. Avec la mise sous cloche d‘une population entière pour cause de pandémie, des délits spécifiques ont vu le jour (vol de masques, casse de magasins désertés, etc.). En Bretagne, au bord des rivières, cette délinquance opportuniste a pris une forme particulière. L‘absence des pêcheurs, des promeneurs amoureux de la nature, ces vigies attentives, a donné libre cours aux pollueurs de tout poil. Les pratiques criminelles se sont multipliées. Le 7 avril 2020, le haut–Guillec à Plougar (29) a vu ses eaux souillées par le déversement de 30 m‘ de lisier de porc. Un désastre écologique parmi d‘autres. De son côté, Jérémy Grandière, président de la Fédération de pêche d‘Ille–et–Vilaine, déclare dans un article au quotidien Ouest–France (6 avril 2020) : « C‘est incroyable de voir le nombre de fosses à lisier qui lâchent d‘un coup, d‘épandages mal faits, de litres de fioul relâchés et de mortalités importantes dans les cours d‘eau ». Du traditionnel « C‘est un regrettable accident », on est passé au « Ni vu, ni connu, profitons–en ! ». Les auteurs de ces empoisonnements, s‘ils ne sont pas ouvertement encouragés, bénéficient en revanche de la protection du puissant lobby de l‘agriculture productiviste. La FNSEA qualifie la moindre critique à leur encontre « d‘inacceptable » en ces temps où les travaux agricoles et l‘approvisionnement en denrées alimentaires constituent une nécessité absolue. Autrement dit, la fin justifie les moyens, y compris ceux qui relèvent d‘ordinaire du tribunal correctionnel. Ce syndicat va plus loin en contraignant le Gouvernement à annuler les dispositions prises fin 2019, qui réglementaient les distances d‘épandage de pesticides autour des habitations. Le 1er avril 2020, elles ont été réduites de 5 mètres à 3 mètres pour les cultures céréalières comprenant le maïs. Est–il utile de préciser qu‘à l‘intérieur des maisons en bordure de parcelle, vivaient et vivent peut–être encore des familles cloîtrées ? Chacun s‘interroge sur le monde qui sortira de la douloureuse épreuve du Corona virus. Il est à craindre que, sans une pression citoyenne considérable, celui–ci ressemblera en tout point au précédent. Christophe Morin |
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