Peut-être l’avez-vous remarqué, mais depuis le numéro 1 de notre Bulletin, nous bannissons dans nos illustrations, les dessins ou photos de poissons morts, à l’instar de certains grands magazines de pêche à la mouche étrangers. Ce n’est pas que nous soyons des inconditionnels de la pêche «sans tuer», partout et en toutes circonstances, mais l’étalage de «viande morte» n’est guère de nature à inciter à la modération. Or le peuplement actuel de nos rivières à salmonidés, surtout en poisson de tailles intéressantes à pêcher, ne permet plus l’élimination systématique des poissons pris.
Les photos «tartarinesques» de pêcheurs hilares avec un déploiement de truites tuées ou une grosse prise, nous paraissent à la fois indécentes et pitoyables, même si l’on affirme, qu’après la photo, tel beau poisson sera remis à l’eau. Les chances de survie d’un salmonidé entièrement sorti de l’eau, surtout s’il est tenu par le pédoncule caudal, comme c’est l’usage, sont relativement faibles (voir Bulletin N°8).
Si nous voulons continuer à prendre du plaisir à séduire, à la mouche, des salmonidés sauvages, nous devons les respecter et les protéger, dans toute la mesure du possible, et ne pas se satisfaire du stupide quota «légal » de 10 captures journalières.
On le sait «la pêche en France est tellement bien gérée qu’on y verra bientôt les derniers des Mohicans errer à la recherche des dernières truites indigènes » (Le Monde 15-16 mars 1998).
Pierre Phélipot