Une écrevisse australienne a été repérée en France, dans le Finistère
Originaire d’Australie, l’écrevisse de Murray a été signalée pour la première fois en France dans le nord du Finistère. Cette espèce exotique, classée envahissante, se cantonne pour le moment à une petite rivière et à quatre étangs.
Ouest-France Flora CHAUVEAU.
La « yabby ». C’est le petit nom qu’on lui donne en Australie, d’où elle est originaire. L’écrevisse de Murray a été détectée pour la toute première fois en France, dans une petite rivière côtière du nord Finistère. Or, cette « espèce exotique envahissante » est douée d’une grande capacité à étendre son territoire et coloniser les cours d’eau. Et les conséquences peuvent être dramatiques sur les milieux et les écosystèmes locaux : prolifération de pathologies, compétition avec d’autres espèces, prédation, etc.
Introduite pour l’élevage
Mais comment est-elle arrivée là ? En Europe, elle a été introduite principalement pour l’élevage. Il arrive parfois qu’elle soit utilisée dans les aquariums. « Les gens aiment bien mettre des écrevisses dans les étangs pour s’amuser, les pêcher et les manger, explique Thibault Vigneron, chef du service connaissance à la direction régionale Bretagne de l’Office français de la biodiversité. Les écrevisses gagnent ensuite les milieux naturels qu’elles colonisent. »
Des milieux souvent déjà déstabilisés par les activités humaines et donc bien moins résistantes.
Exemple en Loire-Atlantique, où des écrevisses de Louisiane échappées d’un élevage ont colonisé et complètement bouleversé les milieux des marais de Vilaine, de la Brière, et du lac de Grand-Lieu.
Pour notre « yabby », nous n’en sommes pas là. C’est un technicien de rivière qui a découvert le premier spécimen, fin 2018. L’information a été remontée auprès de l’Office français de la biodiversité. Un scientifique de l’université de Poitiers a confirmé, par des analyses génétiques, qu’il s’agissait bien de Cherax destructor (le nom latin de l’écrevisse de Murray). Des analyses de terrain ont ensuite déterminé qu’elle était présente dans quatre plans d’eau artificiels et sur 3-4 kilomètres de ruisseau.
Présente dans une zone du nord Finistère
Où exactement ? Thibault Vigneron ne souhaite pas donner l’emplacement précis : « Nous souhaitons éviter tout risque que des gens aillent les chercher pour les mettre dans d’autres étangs et qu’elle gagne ainsi d’autres parties du territoire. » Car, pour le moment, la population de « yabbies » est restée circonscrite à cette zone du nord Finistère. Elle y serait probablement installée depuis plus de dix ans ! « Les températures assez basses et le fait que la rivière donne sur la mer peuvent expliquer ce fait. »
Des travaux d’arasement des plans d’eaux artificiels doivent être réalisés, pour restaurer les milieux à cet endroit-là. « Cela devrait limiter l’expansion de leur population. » Les éradiquer complètement demanderait des moyens drastiques, comme l’utilisation d’un biocide, avec des dommages collatéraux pour les autres espèces. Il n’en est pas question, pour l’heure.
Quant à essayer de toutes les pêcher, c’est contre productif : « Lorsqu’on les pêche, on booste les populations : les gros individus éliminés, le taux de reproduction augmente pour remplir le vide. »
Thibault Vigneron en appelle donc à la responsabilité de chacun pour ne surtout pas introduire d’espèces exotiques d’écrevisses dans les étangs ou les cours d’eau et commettre ainsi un bouleversement irréparable.